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Peter McLeod

coffre-bureau d’un sonore coup de poing… puis, se calma soudain, fixa le capitaine de la goélette pendant que sa figure grimaçait le sourire qui prenait parfois la place du dernier “balling out”. Alors, il ironisa d’une voix où s’attardait comme un reste de rigolade pas méchante…

« Capitaine, voici un petit problème que je me permets de vous poser : Sept pauvres bougres mangent de la vache enragée sur les quais de Liverpool où ils rêvent de s’embarquer pour un monde meilleur. Un capitaine vint à passer qui les « shanghaie » sur son bateau, et les voilà au comble de leurs vœux, en route pour les Amériques !… Mais en arrivant, ils ne peuvent plus tenir sur le “boat”, et les voilà qui filent, qui affrontent la misère noire, la mort même dans l’inconnu des forêts nordiques… combien, capitaine, cela représente-t-il pour eux de coups de pieds au derrière et de coups de poings sur la gueule de la part du capitaine, pendant la traversée ?…

Watson devint écarlate.

« Je vous jure, M. McLeod, que je n’ai pas maltraité ces hommes !…

— Oui, oui, fit Peter McLeod en lançant au capitaine un regard d’où la bienveillance était totalement exclue, on vous connaît un peu, capitaine. Mettons que vous avez passé tout le temps de la traversée à les bourrer de sucre… Mais c’est pas tout ci tout ça, il faut retrouver ces enfants de salauds qui, demain, seront peut-être en train de crever de faim dans le bois…

Peter McLeod avait projeté de voir dans la journée aux derniers préparatifs de son voyage à Montréal avec