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Peter McLeod


— XVI —


Le lendemain matin ; dix heures.

La « Pinouche » est ancrée au large, devant le bourg. Des mouettes zigzaguent autour. Des ronds de soleil la tiquettent de l’étrave à l’étambot. Svelte, la goélette se balance gracieusement aux levées et aux retombées de la houle. Personne n’eut pu dire qu’elle arrivait d’un long voyage de l’autre côté des mers.

À cette heure-là, le capitaine Watson mettait pied sur sa goélette. Dès son arrivée pendant la nuit, ayant aperçu le bourg illuminé, et particulièrement la maison du moulin, il supposa avec raison qu’il y avait fête, comme chaque samedi d’ailleurs, avait-il déjà constaté. Il était donc aussitôt débarqué pour aller faire son rapport à Peter McLeod. Alors ses matelots regagnaient leurs beds. La perspective d’une petite bambochade à terre, tout de suite en arrivant d’une rude traversée, n’était point désagréable au capitaine…

Le fait est qu’en montant sur sa goélette, ce matin-là, le capitaine Watson avait une de ces figures qui signalent dans tous leurs traits, de la pointe des cheveux à la courbe du menton, “the morning after the night before”… On lui avait fait une de ces réceptions dont un capitaine au long cours ne peut atténuer —