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Peter McLeod

ricaines où se mêlaient des danses écossaises, des rondes françaises, souvenirs adultérés d’un passé reculé ; saluts cérémonieux, passage des couples sous des bras soudés par des mains jointes, tours de valse, appels du pied… Puis, des danses de fantaisies. Un danseur privé de « cavalière » se mit à danser avec une chaise au-dessus de laquelle était attaché un grand mouchoir à carreaux rouges et jaunes. Un autre attaqua une endiablée gigue simple, frappant ses talons, faisant sur le parquet autant de bruit qu’une batteuse à cheval. Tout le monde faisait sagement cercle autour du danseur solitaire qui, après sa « performance » salua la « compagnie » avec de grands gestes.

Il faisait dans la pièce une chaleur étouffante, sans un souffle d’air frais et, dehors, la nuit coiffait les êtres et les choses d’une lourde calotte humide. De temps à autre, en dedans, parvenait une bouffée d’air chaud apportant d’au-delà de la rivière comme une odeur d’incendie de pin.

Mais le clou de la soirée, ce fut les sauvages qui le plantèrent avec leurs danses montagnaises et leurs chants étranges dans lesquels ils disaient les exploits de guerre et de chasse de leurs ancêtres. Sur l’invitation de Peter McLeod, l’un des trois chefs se leva et, avec force gestes, prenant toutes les postures imaginables, sortant de sa gorge les cris de toutes les bêtes de la forêt, il chanta dans sa langue ses propres exploits. Un autre lui succéda au milieu de la place et chanta également, mais d’autres prouesses de chasse. Parfois, il devenait terrible. Il hurlait, glapissait, brandissait au-dessus des têtes des assistants presque terrifiés des ar-