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Peter McLeod

lés de bise et de soleil. Ils avaient mis leur chemise nette et le chandail du dimanche. Tous avaient été invités au souper… Aussi s’était-on promis une monumentale ripampaille !… Ne va-t-on pas bientôt se mettre à table ?… Il y a peut-être des gens qui se sont rançonnés depuis la veille en vue du balthazar. On a des boyaux neufs.

Au milieu de la longue table recouverte de toile bise, il y a un gros bouquet rond, pommé comme un chou-fleur. Il marque la place des mariés. Toutes sortes de bonnes odeurs dilatent les narines et les derniers rayons du soleil couchant clarifient les liqueurs dans les bouteilles… On sent que le repas sera chahuteur et chaleureux.

Enfin, tout le monde s’assoit, se cale, s’installe, enfonce la serviette entre la chemise et le cou, arrange le verre, le couteau, la fourchette, la cuiller, bien à portée de la main. Maintenant, ce n’est plus pour rire. Un silence plane, précurseur de grandes choses.

Les femmes, rebondies dans leur toilette de fête qui froufroutent, apportent des soupières… Aussitôt monte un cliquetis de cuillers entremêlé des chuintements qu’ont les lèvres en cul de poule pour humer la soupe aux choux trop chaude. Après, le vrai repas commence : canards sauvages rôtis, porc frais rutilant, tourtière à la perdrix et aux lièvres, beignets noyés dans du sirop de cassonade, tartes aux petites fraises de l’année dernière… Tout cela fond et disparaît, balayé par de larges lampées de sirop de