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Peter McLeod

minuscules fleurs blanches. Des oiseaux bleus étaient revenus qui filaient des chants d’amour. Des rouges-gorges chantaient des ballades et des merles sifflaient des airs de joie. Le vent, plus doux, moins colère, poussait le parfum poivré des sapins qui montaient la garde ici et là autour des hameaux, et, dans les sous-bois tout proches, maintenant découverts, l’humus apparaissait jonché d’aiguilles de pin. Des canards noirs arrivaient du nord et s’abattaient par troupes compactes sur les mares d’eau glacée. Croassantes et braillardes, les corneilles voletaient pesamment de souche en souche…

Enfin, aux derniers jours de mai, la féerie coutumière des fécondes floraisons de la rénovation printanière apparut pour de bon. L’herbe partout, en quelques jours, fut longue d’un pouce. Les arbres, à droite, à gauche, là, en face, sur les hauteurs dentelées de l’autre côté de la rivière, dressaient des touffes de bourgeons lustrés, lourds. Dans les panaches des bouleaux et des pins, se déployant chaque jour, plus larges, le jeune soleil, plus brillant et plus fort, accrochait des diamants. Les clairières étalaient leurs tapis jaunes de pissenlits…

On arriva en juin. L’herbe et la mousse prirent des teintes foncées. Partout la terre reluisait de promesses… Alors, des concerts tous les matins et tous les soirs ! Dans les boquetaux du bourg, on assistait à des batailles où les bestioles acharnées ne formaient plus, des fois, à travers les jeunes feuilles, que de petites boules de plumules grises et rosées d’où s’échappaient des pépiements confus. Autour des maisons