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Peter McLeod

Il n’y avait pas à penser aux noces devant ces contretemps.

Mais quand les diablotins eurent mis fin à leurs espiègleries de mauvais goût, le missionnaire qui venait chaque printemps à la Grand’Baie, fut averti qu’on demanderait ses services pour un mariage à Chicoutimi au mois de juin. Alors la « drave » serait terminée et les hommes seraient plus aptes à la détente… Alors, on entrerait dans tous-les-jours… D’ailleurs, c’est ce qu’avait décidé le “boss”. Le mariage ne se ferait pas avant l’été ; et, contre une décision de Peter McLeod, même dans les affaires les plus intimes, il n’y avait pas à berlander. Et toutes ces raisons de retard qui s’accumulèrent durant l’hiver étaient tout simplement des motifs que dans leur intérieur alléguaient les habitants du bourg pour s’imaginer une indépendance personnelle que l’esprit de domination de Peter McLeod ne cessait d’atténuer dans tous les actes de leur vie…

Dans la dévallée des clairières en conques, en bosses, les derniers crans de neige disparurent vite. La glace du Saguenay se perçait de mille trous, comme un rayon de miel : puis elle se désagrégea sur les bords et, finalement, un jour de grand vent chaud, elle s’en alla en morceaux… L’hiver, emportant son bagage, s’en allait aussi. Vite, les saules se mirent à jaunir et l’herbe verdit autour des sources qui fluaient de partout. De minuscules boutons rouges flamboyaient aux branches des arbres et sur la forêt s’étendit comme un brouillard de jeunes feuilles. Des germes éclatèrent dans les arbustes en une splendeur de