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Peter McLeod

Mais Fred Dufour crânait.

« Vous voyez », ne cessait-il de répéter dans son ivresse naissante. « Peter McLeod a trouvé son maître… C’est pas plus malin qu’ça ! »

On l’écoutait avec une sorte de déférence morne.

Lorsque William Price, vers 1830, vint s’établir dans la rude et lointaine région saguenayenne, pour y chercher de nouveaux développements à la vaste industrie de la coupe du bois qu’il avait créée dans la vallée du Saint-Maurice, quelques années auparavant, il eut à soutenir une lutte féroce contre la Compagnie de la Baie d’Hudson. Celle-ci, jalouse de conserver intacts les privilèges qu’elle détenait, depuis près de deux siècles, pour la chasse et le commerce des fourrures, voulait empêcher de « faire du bois » et encore plus de « faire de la terre » dans l’ancien Domaine du Roy qui comprenait les vallées du Saguenay et du lac Saint-Jean. L’omnipotente compagnie prétendait non seulement avoir le monopole du “fur” — fourrure. — mais aussi du “fir”, — bois. — Elle lutta et prospéra grâce à cet affreux calembour, a-t-on dit quelque part.

Aussi, durant l’hiver, surtout à l’époque favorable à la coupe du bois, il se livrait des batailles épouvantables entre les hommes des « campes » de Price et les équipes de fiers-à-bras, trappeurs et sauvages continuellement avinés, qu’employait l’« honorable compagnie » pour tuer dans l’œuf l’exploitation entreprise par William Price. C’est ainsi qu’elle avait étouffé la Compagnie du Nord-Ouest qui poursuivait, du