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Peter McLeod

Fred Dufour s’engagea sur la glace, bifurqua vers l’est et bientôt il aperçut à son tour le petit poste de la Métabetchouan laissant échapper une fumée qui s’élevait en une blanche colonne droite dans l’air calme et froid.

Puis, brusquement le soir tomba sur le lac. Les rayons pâles d’un soleil mourant caressaient encore les berges d’une blancheur de linceul. La lune ne devait pas être éloignée de l’horizon. Bientôt, en effet, elle surgit de derrière les montagnes rangées comme une garde géante. Une douce lueur traîna, puis ce fut un flot de lumière blanche qui inonda toute l’immense plaine du lac. Au fond, de grandes ombres s’étiraient, avalant des blancheurs, mais bientôt, la pleine lune, plus haute, ayant escaladé la cime des arbres couronnant les hauteurs, s’en détacha et l’espace d’une vaste clarté semblait passer à l’émail tout ce blanc qu’elle frôlait. L’astre monta rapidement dans le ciel, et sa course lui communiquait la beauté de la vie. Un second jour atténué éclaira la nature. On voyait au loin des choses mystérieuses, aux douces nuances. On pouvait cueillir comme une fleur précieuse cette beauté épandue dans l’espace…

Mais Fred Dufour ne jeta à cette fleur qu’une attention distraite. À peine, au bout de la longue pointe qui s’enfonce dans le lac, se tourna-t-il pour envelopper d’un regard circulaire la plaine qu’il venait de parcourir en partie. C’est vers le poste, au sommet de la colline qui couronnait la pointe, que tendaient ses aspirations. Une faible lumière brillait à une fenêtre. Il marcha vite, encore que la fatigue lui tiraillait les