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Peter McLeod

componction, comme pour chercher l’oubli de l’incident qui venait de terroriser ces hommes, et des autres phases de la journée, provoquant celui, plus profond, du sommeil de la nuit, réparateur de tout.

Peu après, Peter McLeod revint à lui. Il fut bientôt sur pied. Étourdi, ahuri, il jeta un regard sur les hommes qui se pressaient au comptoir. Il arrêta son œil vif sur Fred Dufour. Un instant, une lueur féroce fit ciller ses prunelles de chat huant. Mais, saisissant son casque de fourrure qu’il aperçut près de lui, il s’en coiffa et s’en alla.

« Il a son compte. » semblaient vouloir dire les hommes qui fixaient la porte par où il était sorti.

Alors, ce fut autour des bouteilles du comptoir que Tobie Corneau, pour la circonstance, laissait en toute liberté, une cacophonie étourdissante de questions, d’interjections, de cris d’admiration, d’expressions de crainte et de peur, le tout, naturellement, à l’adresse de Fred Dufour, le héros de la soirée. Celui-ci ne finissait plus de se servir de pleins “tumblers” de whisky blanc dans l’unique but d’augmenter, s’il se pouvait, dans son esprit, la vertu tonifiante de l’enthousiasme de ses amis et de s’exalter dans son nouveau rôle de héros impromptu. Il venait de se produire en lui ce que les psychanalystes appellent un “complex”. Il rêva d’égaler Peter McLeod.

Pensez donc, en une infinitésimale portion de temps, avoir « knoqué » Peter McLeod, la terreur du Saguenay, depuis alors cinq ans ! c’était la gloire, quoi ! La vigueur physique est le mérite le plus con-