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Peter McLeod

à peine cru ses oreilles quand on lui apprit le triste événement de la nuit de Noël. Ah ! s’il avait été là, Mary ne serait pas disparue, c’est certain !… D’abord, il serait resté avec elle à la maison du moulin. A-t-on été assez bête de laisser comme ça, seule, dans un village, une jeune fille sans défense, quand on sait que des sauvages, des bandits parcourent du nord au sud la forêt, cherchant le mauvais coup à faire… Et maintenant, au sentiment d’humiliation causé par le fiasco de sa mission, à la douleur que provoquait la disparition tragique de sa fiancée, voici que le cruel petit diable de la jalousie venait piquer son cœur de son aiguille empoisonnée. Peter McLeod parti à la recherche de Mary !… Pourquoi ? Il y en avait d’autres… Il se rappelait non sans amertume que Peter McLeod, comme un chat autour d’une soucoupe de lait, rodait souvent autour de Mary. Dans le temps, en réalité, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Sa stratégie amoureuse n’était pas d’un dynamisme bien absolu et il avait toujours joué assez mal son rôle de Roméo. Il le regrettait maintenant. À quel sentiment le “boss” avait-il obéi en abandonnant la direction du moulin pour entreprendre, vers des lieux inconnus, à travers des forêts sans fin, à pieds, cette randonnée qui établirait, sans doute, un record d’endurance physique même en ne se rendant qu’aux premiers postes du nord, mais que tout autre aurait pu réussir aussi bien que lui… s’il réussissait ?

Peut-être Peter McLeod avait-il été précisément tenté par cette perspective d’un exploit dont nul autre ne pourrait se vanter avant lui ? On ne sait jamais