Page:Potvin - Le tour du Saguenay, historique, légendaire et descriptif, 1920.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
le tour du saguenay

nommée à cause du lac où elle prend sa source et dont les eaux paraissent noires.

À peu de distance plus loin, nous voyons Port-aux-Quilles qui tient son nom des nombreux cailloux ronds que l’on voit sur les rivages de cet endroit. Il y a un petit village au fond de la Baie et, détail assez remarquable, signale M. Alphonse Leclerc, dans son Saint-Laurent, ce village est peuplé presque entièrement de Foster et de Chamberlain, « tous descendants », dit M. Leclerc, « de la Grand’Catherine, connue à sept lieues à la ronde ». Cette femme légendaire vint d’Angleterre, paraît-il, déguisée en homme. Lorsque, un peu plus loin, nous passerons vis-à-vis la Baie Sainte-Catherine, nous donnerons sur cette femme étrange quelques détails inédits.

Un peu après avoir doublé la Pointe-aux-Bouleaux, nous voyons s’avancer vers le fleuve une longue pointe de roches en forme de demi-lune. Les hautes mers recouvrent cette batture où les eaux sont toujours agitées. Au bout de ces rochers, il y a une petite île de sable, l’Île-au-Mort. La pointe où commence cette batture est assez escarpée : c’est la Pointe-aux-Alouettes, autrefois la Pointe-Saint-Mathieu.

Nous sommes, ici, dans un endroit historique. C’est, en effet, dans la baie — la Baie Sainte-Catherine — dont la Pointe-aux-Alouettes forme un côté, que le 24 mai 1603, Champlain et Pontgravé arrivèrent après avoir passé un mois et neuf jours sur l’eau, et c’est le lendemain qu’ils mirent pied à terre pour venir rencontrer, à l’extrémité de la Pointe-aux-Alouettes, un parti de sauvages. On signa, ici, le premier traité de paix entre blancs et sauvages, en Amérique.