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le tour du saguenay

Il est impossible de parler de l’Île-aux-Coudres sans raconter la merveilleuse histoire de la mort du bon Père Jean-Baptiste de la Brosse — c’est ainsi, paraît-il, qu’il signait — à Tadoussac, le 11 avril 1782, à minuit, et son inhumation dans la petite chapelle du même endroit, par l’abbé Pierre-Joseph Compain, troisième curé de l’Île-aux-Coudres. Voici ce que rapporte la tradition. Cette merveilleuse légende, digne de ne jamais être oubliée, est racontée bien simplement comme suit, par une personne très âgée qui l’a souvent, pendant sa jeunesse, entendue de la bouche de témoins oculaires :

« Le soir du 11 avril 1782, le Père de la Brosse jouait aux cartes, à Tadoussac, avec les employés du Poste, lorsque, sur les neuf heures, il leur dit : « Je vous souhaite le bonsoir, mes bons amis, pour la dernière fois ; car à minuit, je serai corps mort. À cette heure, vous entendrez sonner la cloche de ma chapelle. Je vous prie de ne pas toucher à mon corps. Vous enverrez chercher M. Compain à l’Île-aux-Coudres demain ; il vous attendra au bout d’en bas de l’île. Ne craignez pas la tempête si elle s’élevait : je réponds de ceux que vous enverrez.

Les employés du Poste, curieux de savoir si la chose arriverait telle que le Père l’avait annoncée, veillèrent, la montre à la main, jusqu’à l’heure indiquée. Et, en effet, à l’heure de minuit, la cloche sonna trois coups. Ils coururent à la chapelle et ils trouvèrent le Père de la Brosse appuyé sur son prie-dieu, mais sans vie.

« Le lendemain, dimanche, le vent du sud-ouest soufflait avec une très grande violence et l’eau de la mer poudrait comme de la neige. Voyant cette tempête, les