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le tour du saguenay

ment, le 4 août 1759, se rendit à la Baie Saint-Paul où il eut beaucoup de peine à débarquer, à cause de 200 hommes qui se montrèrent très actifs dans le feu qu’ils dirigèrent sur les barques anglaises. Ces hommes durent finalement reculer dans les bois et abandonner le village qui fut brûlé. Gornham, dans la même expédition, avait détruit le village de la Malbaie, une partie de la paroisse de l’Île-aux-Coudres et, sur la rive sud, les villages de Saint-Roch et de Sainte-Anne. Ce général, dans son rapport, dit qu’il n’eût qu’un homme de tué à Baie Saint-Paul, mais la tradition de la paroisse veut qu’il y en eût au moins une dizaine. Les Anglais tuèrent deux Canadiens et en emmenèrent deux autres, un nommé Tremblay et le fameux Jean-Baptiste Grenon, qui a laissé une réputation de force incroyable. Les Anglais firent peur à Tremblay de la façon suivante, une fois sur leurs barques : « Ils le firent asseoir et le lièrent sur une planche pour l’élever en haut des vergues et le lancer ensuite à l’eau. Il avait été condamné à souffrir trois fois ce jeu cruel, mais il expira au troisième coup. »

M. l’abbé Chs Trudelle, qui raconte cette tradition dans ses Trois Souvenirs, ajoute au sujet de Grenon :

« On voulut ensuite en faire autant à Grenon, mais cet homme était d’une force herculéenne et prodigieuse, de sorte qu’on ne put jamais lui faire courber le jarret pour l’asseoir sur la planche fatale. Le capitaine Gornham, voulant sans doute conserver la vie à un homme aussi extraordinaire, lui fit lier les mains derrière le dos et voulait l’amener au Sault Montmorency. Mais pendant qu’il était à bord, un matelot fort et robuste prenait plaisir à donner, de temps en temps, des