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le tour du saguenay

pas perdre immédiatement le nord et le sud et croire que l’on peut en cueillir de pleins seaux sur la place de l’Église des villages. C’est ici qu’il faut s’entendre.

On compte dans la vallée du Lac-Saint-Jean tout au plus quatre zones à bleuets. Et les voici :

La Frique — ou l’Afrique — c’est-à-dire un territoire de près de trois lieues de circonférence situé entre les paroisses de Normandin et de Saint-Félicien, dans le nord-est du lac Saint-Jean. C’est un terrain sec, sablonneux et vallonné où il ne pousse que de misérables épinettes, quelques sapins rachitiques, et du taillis en abondance. Tout ce territoire est couvert de bleuets. Durant la saison de ces fruits, en août, on peut compter le long de la route plus d’une centaine de tentes qui sont les résidences temporaires de familles entières des paroisses environnantes qui passent là toute la saison des bleuets et dont plusieurs, celles qui comptent le plus d’enfants, gagnent, durant la saison, jusqu’à $300.00 et $400.00 à ramasser des bleuets que les chefs s’en vont vendre, chaque samedi, sur le marché de Roberval.

Derrière plusieurs de ces tentes, on voit, au bout d’une longe enroulée à un bouleau, une vache généralement très maigre qui semble s’ennuyer ferme dans son isolement. C’est elle qui fournir le plus gros de la nourriture à la famille… Un bol de lait frais avec des bleuets dedans, le tout sucré abondamment, quoi de meilleur et de plus rafraîchissant !…

Plus au nord, il y a le territoire colonisable en grande partie de la Péribonca et de la Mistassini et où les bleuets sont également en abondance. Ici, on les trouve plutôt par tales, mais des tales qui ont quelquefois un mille et même plus de surface : comme le bois est plus