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le tour du saguenay

dizaine de fruits. Cet arbuste, de un pied de hauteur environ, a des rameaux anguleux, porte des feuilles de forme ovoïde et alternes et des fleurs à ovaire infère.

Dans le nord de la France, on donne à la plante de l’airelle — celle qui se rapproche le plus de notre bleuet du Canada — le nom de myrtill ou encore de raisins d’ours. Mais tous les naturalistes s’accorderont, sans doute, pour dire que notre bleuet n’est pas le moins du monde l’airelle ou le myrtille ; il ne peut y avoir d’erreur à ce sujet. Mais passons…

Notre bleuet cependant peut fort bien, dans le langage populaire, s’appeler le raisin d’ours. Aucun fruit n’est plus aimé de nos gros ours bruns laurentiens. C’est, dans les brûlés, dans les montagnes, dans les savanes sablonneuses, au milieu des taillis où s’étendent d’immenses tales de bleuets que l’on a le plus de chances, en effet, — si chance il y a — de rencontrer maître Martin.

Mais, en général, les ramasseux de bleuets n’aiment guère ces rencontres. Elles ne sont pas évitées pour cela : loin de là. Que de paniques a causées, durant la saison des bleuets, la présence soudaine de Martin signalée parmi les ramasseux de bleuets ! Dans les montagnes de la Belle-Rivière, le long du Chemin de Québec, on a vu souvent des ours pénétrer, la nuit, sous des tentes où dormaient des familles entières qui avaient passé la journée à cueillir des bleuets. Ces visites, on le conçoit, causaient toujours de fortes émotions et elles fournissaient le sujet de bien des histoires durant les veillées de l’hiver suivant, au village.

Quoiqu’il en soit, quand on proclame l’abondance des bleuets au lac Saint-Jean, en particulier, il ne faut