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le tour du saguenay

sport émotionnant. En 1897, deux journalistes de Chicago, en sautant les trois roches du Rapide Gervais, l’endroit le plus périlleux de la Grande Décharge, se noyèrent. Cet accident effraya par la suite les plus braves et le saut de la Décharge devint de moins en moins populaire.

De même que devient peu à peu chose du passé la pêche à la ouananiche dans la Grande Décharge, grâce aux manifestations de la haute industrie et, en particulier, à l’industrie de la pulpe qui a nécessité la construction d’écluses sur la rivière Chicoutimi et sur la Rivière-au-Sable, détruisant ainsi les places de pêche[1].

J’ai dit que la ouananiche est peu connue. Elle a été à peu près ignorée des historiens de notre gente poissonnière. En vain on chercherait une mention de la ouananiche dans les ouvrages de tous ceux qui ont écrit sur la pêche dans la province de Québec : le Dr William Henry, le Rév. W.-A. Adamson, Robert-D. Rosevelt, Chs Lemnan. Chs Hallock, H.-William Herbert, Henry-P. Wells, G.-M. Fairchild, et tant d’autres auteurs anglais et américains.

Car il est pénible et singulier de constater que, à part les rapports annuels soumis à la Législature sur la pêche, à part un opuscule publié par le juge A.-B. Routhier, En canot, à part un volume très intéressant

  1. Aujourd’hui, les pêcheurs de Saint-Gédéon-les-Îles et de Saint-Henri-de-Taillon pêchent la ouananiche pour le commerce, même au large du lac où ils tendent des filets. Ils ont réussi à établir un marché de ce poisson à New-York et à Montréal. Avant la guerre, ils vendaient la ouananiche de 7 à 9 centins la livre ; aujourd’hui, ils la vendent jusqu’à 20 centins. Ils l’expédient dans des boites spéciales qui conservent de la glace jusqu’à destination.