comme à plaisir aucun sujet de discorde ; où, enfants gâtés de la nature nous nous glorifions de gâcher follement les dons que nous avons reçus. Bref ! ce pays n’est pas tout à fait celui où fleurit l’oranger et où pousse la banane, mais à part cela, il est supérieur à tout autre…
— Et qui vous dit, fit remarquer en riant l’Américain, que ne poussera jamais la banane chez vous ?… Monsieur Lamirande, je dois vous faire remarquer que ce n’est pas un malheur pour un pays de voir tout astreint à la politique…
— C’en est sûrement un pour ceux qui ne sont pas politiciens.
— Et même ceux qui sont dans la politique ne sont pas toujours sûrs de parvenir à la fortune, rectifia Donat Mansot.
— Ah ! ceux-là, répondit le New-Yorkais, c’est qu’ils ne le veulent pas… à moins que les occasions ne leur aient complètement manqué… En ce cas, c’est une affaire de patience ; ces occasions viennent toujours, quelquefois tôt, d’autres fois tard.
— Mais encore peut-on profiter de toutes les occasions qui se présentent, hasarda Mansot.
— Ah ! c’est ici que se pose la question du Mandarin. C’est un grand paradoxe dans la vie de tous ceux qui veulent parvenir aux honneurs et surtout à la fortune…
— Le Mandarin, demanda Donat Mansot, qu’est-ce cela ?
— Comment vous ne connaissez pas cette doctrine morale que l’on attribue à J. J. Rousseau : « tuer le