et d’expliquer à ses professeurs qu’il rencontra dans la suite, voilà, que vers sa vingt-cinquième année, cet art du développement s’empara de lui à tel point qu’il devint comme une sorte de prodige aux yeux des électeurs qu’il eut plus tard et comme une « manière » de « moulin à paroles » auprès de ses collègues.
Il eût barbouillé trois grandes pages de papier rien que pour dire d’une chose qu’il s’en fichait… Quand il était à « ses heures », qu’il écrivît où qu’il parlât, c’était une griserie de mots, un flot, une cascade, un Niagara de paroles.
Lors de la première session où il siégea à la Législature, comme il était le dernier élu, il avait été chargé selon l’usage antique, par le premier ministre, de faire le discours en réponse à l’adresse au Discours du Trône. C’est la pièce de circonstance de chaque session ; c’est le discours académique par excellence. L’orateur y fait appel à tous ses souvenirs, encore, du reste, assez peu éloignés, de sa rhétorique. Au nom du gouvernement qu’il ne connaît pas encore et qu’il n’a pas vu à l’œuvre, il énonce un programme qu’il faudrait plusieurs vies de centenaire pour réaliser. Chaque paragraphe de ce discours commence par une citation d’homme célèbre et se termine par une phrase latine. À chaque tirade, la droite applaudit à fendre les pupitres et, à la fin de la séance, ministres et députés s’en vont à la queue leu leu, empressés et souriants, presser les mains du jeune Démosthène et le chaudement féliciter de son grand effort oratoire.
Un tel genre littéraire devait tomber en plein dans celui de Donat Mansot.