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LE « MEMBRE »

— Non, merci, je ne fume pas.

— M. Stevenson ?…

— Volontiers… merci.

— Mon projet donc, continua M. Sharp, après avoir allumé un nouveau havane, mon projet comporterait la disparition de tous les icebergs des côtes labradoriennes et aurait pour résultat, pour le nord du Canada, de transformer son atmosphère en un véritable gaz à gonfler les ballons. Ces déserts arctiques du Labrador deviendraient des régions d’une fertilité tropicale car, d’après mes calculs, ou plutôt, ceux de mes experts météorologistes, il est possible de diriger le Gulf Stream de façon à lui faire fondre toutes les banquises des mers arctiques…

« Il suffirait donc, messieurs, pour accomplir cette véritable révolution géographique, cosmographique et météorologique, de construire une digue titanesque qui aurait, disons, 300 milles marins de longueur. Cette digue arrêterait dans sa course sous-marine et sournoise le courant dit du Labrador que l’on dirigerait tout de suite vers les régions tropicales qui, entre nous, ont grand besoin d’être rafraîchies un peu… Nous avons trouvé, au cours de savantes expériences, que la température de ce courant du Labrador est si forte qu’elle peut produire 2,000,000 de tonnes de glace à la seconde… Les nègres du Putumayo et les indigènes de la Terre de Feu auraient donc à volonté de la crème à la glace pourvu, naturellement, que leurs vaches s’entendissent pour fournir la crème…

En d’autres termes, messieurs, et pour piquer au