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V.

Conspiration.


« Oui, messieurs, il suffit qu’une chose existe sous la calotte polaire, pour que l’on puisse en tirer parti ; simple affaire d’organisation et d’initiative… De rien on peut faire quelque chose et il est possible de donner une valeur au néant… »

C’est ainsi que s’exprimait, une après-midi, dans son bureau de Wall Street, le grand financier américain, John C. Sharp. Ceux qui l’écoutaient étaient deux jeunes gens, l’un, Ewart Hall, âgé d’une trentaine d’années, et l’autre, Harold D. Stevenson, paraissant de quelques années plus âgé.

« Lors d’un séjour que je faisais, il y a quelques années, dans l’Ouest canadien, continua le financier, j’ai connu l’aide cuisinier d’un arpenteur du gouvernement du Canada. Il avait remarqué, me confia-t-il, un jour, qu’il y avait beaucoup de poissons dans les lacs de la région qu’il visitait, beaucoup d’écrevisses dans les rivières, beaucoup de fourrure dans la forêt, de gypse dans les montagnes, de sel dans les « muskegs », des peaux d’élan, de cerfs, de daims, que les Indiens jetaient par centaines et qui pourrissaient dans les bois… et, comme je lui demandais, non sans ironie, le parti qu’il espérait tirer de ces constatations plutôt banales, objectant l’éloignement des