nous oblige d’expliquer les causes du soudain émoi du Secrétaire Provincial comme de sa subite perplexité. Tout simplement, pendant qu’il cherchait à voir le fonds et le tréfonds des possibilités de traverser la rivière, du moins celles qui avaient si bien favorisé le premier ministre, M. Descarrières avait aperçu, à l’une des courbes du cours d’eau, comme une sorte de ponceau formé de deux madriers dont les extrémités reposaient sur les berges opposées et sur une pierre, au milieu de la rivière. C’était d’une rusticité virgilienne et, du moins, aussi simple que l’œuf de Colomb.
« Là ! là ! » s’était tout-à-coup écrié le Secrétaire Provincial.
Et c’est ce qui avait déterminé la panique dite de la grosse truite, chez les collègues du Secrétaire. Mais on avait vu ce dernier se replonger dans une béate et inquiétante tranquillité. C’est qu’à la minute où il s’écriait : Là ! là ! une véritable cascade de questions aussi sournoises que compliquées avait traversé cet esprit tourmenté. Et à toutes ces questions l’esprit avait conclu :
« Non ! non ! il est impossible que le premier ministre ait passé par là… Un chat seul pouvait sans danger user de ce ponceau. » Il connait le premier ministre par cœur ; il le sait apte à retomber sur « ses pattes » dans les situations les plus difficiles mais il ne le connaît pas suffisamment équilibriste pour lutter jusqu’au bout des ressources naturelles de Raminagrobis… Et puis, le premier ministre n’est pas somnambule que je sache se dit encore le Secrétaire… Enfin nous verrons bien, murmura-t-il, en s’emparant de