taloup authentique ; c’est mon chef qui m’en a fait cadeau.
— C’est authentique ? questionnèrent plusieurs voix.
— Parbleu ! messieurs, répond M. Lepire, quand on a comme notre chef à tous, vieilli dans le parlementarisme, il serait impardonnable de ne pas s’y connaître en melons.
Au bout de quelques minutes, on a engouffré la matelote et entamé le cantaloup. La parole était aux fourchettes et M. Lepire leur succéda :
« Vous savez, moi, comme vous retardiez, j’ai mangé en vous attendant… Passez-moi quand même les sardines. »
— Si c’est pas honteux, ça a diné et « ça r’dine », hasarda le ministre de l’Agriculture.
— Shame ! Shame ! crièrent en chœur, les ministres.
— Ça a déjà été fait par un journaliste, il y a plusieurs années, lança le Secrétaire.
— Moi, je l’aime avec du sucre, dit le premier ministre, en attaquant sa tranche de melon.
— Toujours opportuniste, ce Thouin ! riposta M. Lepire, qui s’emparait du poivre et du sel.
Bref ! il était deux heures quand, le diner pris et le cigare fumé jusqu’au mégot, M. Lepire proposa :
« Si nous allions maintenant faire un « lawn tennis » dans le jardin… pour la digestion ? »
— Une partie de saute-mouton serait peut-être plus conforme aux traditions de la saine démocratie ? fit observer le premier ministre.
— Bien parlé, maître, approuva le Trésorier. Moi,