l’ont élu, faire une visite à l’auteur de ses jours. Celui-ci, qui voit en son rejeton, un futur millionnaire, s’aperçoit finalement que, du train dont ont commencé les choses, il ne sera toujours qu’un pauvre gueux, traînant de par les villes et sur les hustings, le bagage d’une instruction mal digérée :
« Jean, dit-il à son engagé, va dételer la jument. Donat ira prendre ses chars à pied… ? »
Et cette parole paternelle résonnera pendant des années dans l’âme attristée du jeune député. Toute son existence durant, il fera en sorte de faire oublier ce « va dételer la jument » ironique et méprisant. Non ! non ! il ne sera pas ce gueux ni le pauvre hère que le paternel a cru de lui… Il voudra gagner de l’argent, toujours de l’argent, coûte que coûte, par n’importe quels moyens….
Et la province de Québec jouira d’un Donat Mansot…
« Jean, va dételer la jument ! »… il y a cinq ans de cela et, malheureusement, Donat Mansot, qui n’a pourtant pas manqué, un seul instant, d’orienter sa vie et ses actes du côté inverse au sens de cet ordre cruel à l’engagé du père, Donat Mansot est encore un pauvre homme qui n’a gagné, toujours, chaque année, que ses quinze cents piastres d’indemnité parlementaire et qui n’a pas encore entrevu la moindre perspective de « grattages »…
Et, c’est à ces « grattages » possibles de même qu’à la jument paternelle que rêve Donat Mansot, en ce beau soir de juillet, sur la Terrasse Dufferin, à Québec.
La monstrueuse masse de pierres et de bois, impré-