« Moi, si j’étais le fils d’une poule, j’aurais voulu être un canard ».
A-t-on jamais remarqué combien la Renommée, cette poule aux œufs verts, se plait aux paradoxes et comme la gloire, capricieuse, se plie mal aux combinaisons de ceux qui l’organisent ?… L’histoire tout entière de l’Art, de la Politique, de la Littérature nous offre des exemples topiques de ce jeu que l’on pourrait appeler le « jeu des petits canards ».
Un mondain de dix-sept ans, qui vivait dans la « doulce France » au XVIIe siècle va, un jour, faire un tour de voiture. Au bord de la Seine, ses chevaux s’emportent et sautent par-dessus le parapet d’un pont. Le voyageur passe la tête par la portière, est sauvé par miracle et fait un signe de croix qu’il crayonnera, dès lors, toute sa vie sur la marge du beau livre de ses « Pensées ». Voilà Pascal, et sa conversion, et son génie.
Plus tard, un abbé passe toutes ses nuits à écrire de volumineux et fastidieux mémoires sur des sujets insipides. Chemin faisant, il raconte en deux cents pages, et sans y attacher d’importance, les aventures du chevalier de Des Grieux et de Manon Lescaut. Du coup, le chapitre va aux nues et l’abbé Prévost devient le parfait secrétaire des amants de tous les siècles et de tous les pays.
Et l’on peut citer à l’infini les exemples des paradoxes de la poule aux œufs verts.
Sur un autre théâtre, des siècles plus tard.
Un jeune député, tout frais sorti des urnes électorales, d’un comté de la province de Québec, s’en va, tout fier du chiffre respectable de la majorité des voix qui