comme toi ; tu étais trop bonne pâte pour ce métier ; ou du moins tu n’as pas eu suffisamment d’apprentissage pour réussir dans cette carrière de roueries, de trucs, de ruses et de finasseries… Et, pendant que je suis en veine de conseils et en voie de te faire un sermon, veux-tu que je te dise une chose ?… Une carrière est présentement ouverte devant toi et tu peux y entrer tout droit, par la grande porte, fier et libre. C’est celle de la terre… Ne fais pas la grimace, mon vieux !… Tu es terrien par atavisme ; retourne à la terre comme devraient le faire tant de pauvres gens transplantés si malheureusement dans la ville ; comme je devrais le faire moi-même si j’avais les qualités que tu as… et aussi les moyens. Ton père te recevra comme l’Enfant Prodigue et je suis sûr qu’il ne refusera pas les jeunes bras qui viendront s’offrir pour aider aux siens déjà affaiblis, pour remuer la bonne glèbe et couper les blés jaunes, chanter avec lui…
…la chanson du pain qui monte dans les gerbes.
Et tu auras ainsi, non pas seulement travaillé pour toi, mais tu auras fait beaucoup pour les autres ; tu auras fait une œuvre du plus pur patriotisme ; tu auras fait de la bonne de la saine politique en prêchant par ton exemple, le retour à la terre, la seule question qui devrait présentement passionner nos hommes politiques de quelque parti qu’ils soient, et qu’ils négligent le plus ; celle enfin, dont l’heureuse solution est la garantie certaine de la richesse et du bonheur de notre pays Allons, dis : ainsi-soit-il. Ai-je raison ou ai-je tort ?…