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I

Sur la Terrasse.


C’était une belle poule à laquelle on avait donné à couver deux œufs de cane qui paraissaient tout verts parmi les siens tout blancs. Un gamin, fils de la propriétaire de cette mère-poule, se montrait fort anxieux du résultat de cette éclosion qui, du reste, lui semblait très problématique. En admettant même que les petits canards allaient naître, il ne croyait pas que la maman-poule, qui était mauvaise, fût assez bête pour donner à manger aux canetons. Et le gamin attendait, riant dans ses barbes en puissance.

Un matin, il trouva le nid vide : ni poule, ni œufs de poule, ni œufs de cane ; rien que des coquilles. Tout-à-coup, près d’un bassin, des gloussements. Et qu’est-ce que voit le gamin ? Entourée de ses petits poussins jaunes, la mère-poule, le cou tendu, appelle les deux petits canards qui nagent loin du bord et qui se moquent d’elle. Quels couins-couins victorieux chantaient les deux méchants canetons des œufs verts !…

De la rive, les petits poussins jaunes s’amusaient comme des petits bossus et la mère-poule poussait des cris que la peur éraillait davantage. La malheureuse en ce moment aimait plus les deux petits canards que ses propres poussins. Ce qui fit dire à l’irrespectueux gamin :