belles écouteuses. Les trois hommes se saluèrent d’un léger signe de tête.
— Il s’entraîne, remarqua Octave… il « ventille son intellect ». Tout le brillant à la surface… L’effet seulement… du boursouflé !…
Une volée de petites notes gémies sous les cordes pincées des violoncelles et des violons, s’apprêtant à jouer, venait d’un coin de la salle… Les deux amis se trouvaient maintenant dans la galerie qui sépare la salle des députés de celle du Conseil. Au-delà des tentures pendantes, une mélodie s’élevait, après le prélude ; des sons subtils, exquis et délicats, erraient d’une pièce à l’autre. L’haleine rythmée des accords anima d’une vie troublante toutes les lèvres. Et, sous l’enchantement des thèmes musicaux de la valse, Mansot maintenant sentait se confondre ses impressions. À travers une échancrure des portières, il voyait comme en un rêve tournoyer les couples.
— Tu sais, mon vieux, lui dit Lamirande, il faut te montrer plus joyeux que cela…
Mais Mansot ne répondit pas. Il s’affala sur un fauteuil ; gagné par l’émotion tendre émanée des instruments et qui consolait en lui une souffrance dont il ne savait que trop, hélas ! la cause, une vague tristesse gémit en lui. Il se sentit étranger, misérable dans un milieu fastueux, heureux. Il croyait parcourir un pays de chimères où les merveilles abondaient ; mais il se sentait entouré d’embûches… Il s’effraya et il allait se mettre à pleurer comme un enfant quand Octave, le prenant par le bras :
— Viens au buffet… c’est plus gai.