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LE « MEMBRE »

président se succédaient sur tous les tons, suppliants, indignés, scandalisés, mais vains.

Les ministres maintenant lisaient le « Dominion » et s’efforçaient de garder le calme qui doit les caractériser dans des tempêtes de cette nature. Malgré tout la figure du premier passait par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel des passions humaines à mesure qu’il avançait dans la lecture de l’article.

Finalement, le député Laserge, de l’opposition, se leva. Brandissant au-dessus de la tête de ses voisins le journal d’Edward White, il demanda au premier ministre s’il avait pris connaissance de l’article accusateur et quelle mesure il entendait prendre. Puis, pour la forme, il demanda au président la permission de lire l’article.

Cet article du « Dominion » était un long réquisitoire contre les membres de la Législature que le journal traitait à colonnes que veux-tu de « boodlers », de « grafters » de vendus, de potviniers. Il annonçait que l’auteur de l’article avait en sa possession des preuves irréfutables qu’il se commettait dans l’enceinte du Parlement de Québec des actes de corruption honteux et qu’il était en mesure de porter des accusations directes contre certains membres des deux chambres qui s’étaient vendus comme du bétail, qui avaient reçu de fortes sommes d’argent pour faire passer un bill mauvais par sa nature et dont certaines clauses, passées comme les autres, étaient contraires à l’esprit des lois de ce pays. En terminant, l’auteur qui, évidemment, tout en paraissant affirmer des choses dont il était sûr, visait un peu, beaucoup, à l’effet