brageant de ses bras puissants une partie de ce vaste héritage sur lequel « le soleil ne se couche jamais »[1]…
Puis, pendant quelques minutes encore, l’orateur parla de l’annexion de l’Ungava, cette « autre province » découverte par le présent premier ministre de Québec ; cette « terre à bois » immense, monstrueuse, ce vaste pays de chasse et de pêche, paradis encore ignoré des touristes américains…
« Mais, messieurs, continue Mansot emporté tout à coup par ce vent de folie qui, un jour ou l’autre, mais infailliblement, dans le cours d’une vie, pousse l’homme le plus modéré, le plus réfléchi à la gaffe, et à la gaffe dite monumentale, à moins, messieurs, que l’on n’apporte à notre politique en général plusieurs modifications radicales dont quelques-unes vaudraient encore mieux que l’annexion d’un territoire, fût-il couvert de tout le bois de l’univers ; à moins que l’on ne donne, par exemple, tous ses soins à la colonisation, à l’agriculture, la saine, la respectable et l’unique source de la prospérité de notre pays, à moins de cela, messieurs, notre nationalité est fichue, dussions-nous nous annexer le Pôle Nord et le Groenland !…
Et, pour terminer, un mot de suggestion. Si l’on veut utiliser le nouveau territoire, c’est d’y envoyer tous les marchands de bois du pays et laisser comme cela nos colons travailler en paix sur leurs terres. On
- ↑ On n’a jamais pu savoir exactement si cette page que résumait Donat Mansot en guise de discours électoral à ses électeurs, a été écrite par Jules Verne ou par un ancien ministre de la province.