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LE FRANÇAIS

rien que pour nous conserver ; et je trouve, moi, que la sœur qui nous enseignait l’histoire au couvent avait raison quand elle disait, comme cela, que c’est peut-être plus par nos défauts que par nos qualités si notre race survit à l’heure qu’il est… ce qui m’avait frappée… En vivant chez nous, monsieur Léon, vous apprendrez quelque chose de notre histoire et vous verrez que les étrangers ne devraient pas se fâcher contre nous, des fois, à cause de notre caractère qui n’est pas toujours commode… On est susceptible, souvent, c’est vrai, mais on a raison de l’être. Je vous assure, monsieur Léon, que je voudrais bien pouvoir vous répéter tout ce que j’ai entendu dire à ce sujet-là, au couvent par notre maîtresse d’histoire, par le Supérieur des Oblats qui venait souvent nous parler, par notre député et par un ministre de Québec qui est venu, une fois, nous voir au couvent. Dieu qu’il y a de belles choses dans notre histoire, de belles choses que les étrangers ont de la misère à comprendre mais que nous apprenons vite, allez, nous autres, du pays… Quant à vous, monsieur Léon, continuez d’aimer la terre, notre terre. Je sais, pour ma part, que vous valez deux hommes à l’ouvrage. Mon père le sait aussi ; mais, naturellement, il écoute les conseils des autres qui ne vous connaissent pas… Moi, j’ai eu confiance en vous dès que je vous ai vu au travail, le printemps dernier, dans le temps des semences… »

— Vrai ! mademoiselle Marguerite, vous avez remarqué mon travail ?…