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LE FRANÇAIS

savez. J’ai tout de suite pensé à vous et je me suis dit : « Il faut absolument faire profiter M. Morel de l’occasion. Je m’en serais voulu de vous avoir oublié.   »

— Vous êtes bien bon. M. Larivé, vous êtes bien bon et encore une fois : merci ! Mais vous savez que j’ai pas d’argent à risquer dans ces affaires-là. Et puis, vous m’connaissez, si j’en avais, de l’argent, je m’en servirais pour acheter une autre terre, celle de mon voisin, par exemple, Jos. Rainville… Ces mines-là, vous savez, j’ai pas beaucoup confiance en ça. Enfin, c’est mon avis.

— Mais, mon cher voisin, si vous n’avez pas aujourd’hui de fonds à placer, vous pouvez en avoir demain, tant qu’il vous plaira. Ne vous ai-je pas offert pour votre propriété le prix qui vous conviendrait ? Fixez vous-même ce prix, d’ailleurs ; il est accepté d’avance. Avec cet argent, vous achèterez la terre que vous voudrez, quoi ! si vous n’avez pas confiance aux mines, hein ? Qu’est-ce que vous répondez à ça ?…

— Monsieur Larivé, j’vous répondrai que pour l’heure je n’ambitionne pas d’autre fortune que celle que j’trouve dans la culture des champs que m’a laissés mon défunt père. C’est une petite fortune, vous me direz, mais elle est solide et elle me contente. Moi, j’trouve que quand un homme est assez heureux pour posséder un bien, même un p’tit bien comme le mien, c’est une folie de courir après c’que vous appelez une fortune dans les mines. La terre, moi, monsieur Larivé, je trouve qu’il y a qu’ça ; en dehors, j’crois qu’il y a pas grand’chose. C’est dur, si vous voulez, c’est fatiguant, c’est éreintant et il faut trimer d’un bout