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LE FRANÇAIS

la partie du lac Témiscamingue qui forme la Baie-des-Pères, l’un des plus pittoresques aspects de ce lac étrange, étroit, long, et qui est un élargissement prolongé de l’historique rivière Ottawa. L’on aperçoit, très nettement, les deux pointes avancées qui enserrent la baie de chaque côté : la Pointe-au-Vin, à l’ouest, et, à l’est, la Pointe-de-la-Mission ou Pointe-aux-Cèdres. Sur cette dernière, l’on voit une maison, vieille et vermoulue, qui fut l’ancien monastère des Oblats et, à l’extrémité de l’autre pointe, les ruines de ce qu’était autrefois le poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Pendant longtemps, ces deux masures ont été les seules habitations de tout le pays du Témiscamingue. Du trécarré de la terre de Jean-Baptiste Morel, quand le temps est clair, on peut apercevoir, sur la Pointe-aux-Cèdres, un peu en arrière de la Mission, une haute croix de bois blanchi ; elle indique les tombes où dorment du sommeil éternel ceux qui furent les premiers habitants du Témiscamingue : missionnaires Oblats, commis de la Compagnie de la Baie d’Hudson, indiens et chasseurs. Enfin, enserrée entre ces deux péninsules historiques, la Baie-des-Pères, harmonieusement arrondie, formant elle-même un lac, reflète avec complaisance dans ses eaux bleues de ciel, toujours calmes, le village coquet de Ville-Marie, la perle du Témiscamingue.

Du sommet de la colline du trécarré, la vue embrasse, tant loin qu’elle peut porter, un paysage incomparable d’eau et de forêt d’où se dégage la grâce épanouie d’une nature à la fois sévère et charmante. Les