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LE FRANÇAIS

ceinture granitique rehaussée de collines au sommet desquelles se détachent sur le fond du ciel, ici, les treillis de squelettes de pins rouges dévorés par d’anciens feux de forêt, là, des bouquets verdoyants d’épinettes qui sont d’une venue magnifique ; là encore des futaies de sapins développant très loin leurs perspectives sombres. Entre le village et la chaîne des collines s’étendent des champs avec leurs cultures variées de foin, de céréales et de légumes. C’est le tour de cou dont se pare Ville-Marie.

Mais ce qui est surtout à remarquer dans cette conformation cosmogénique, c’est un gigantesque monticule formé d’énormes rocailles de granit s’élevant à l’ouest du village. Ce cran est à deux gradins dont les pentes de cent manières brisées sont dénudées et offrent, tantôt des bosselages craquelés et ridés de veines herbues, tantôt des touffes de broussailles luttant parmi des roches aux brusques saillies. Le sommet de ce cran toutefois est couronné d’arbres, bouleaux, trembles et pins, qui étalent sur tous les points leur amoncellement cotonneux, leurs pyramides de feuillages, hautes comme des tours.

Au sommet du gradin inférieur de ce monticule, à même le roc de la pente supérieure, les Pères Oblats ont creusé une grotte au fond de laquelle ils ont placé une statue de la Vierge protégée par une palissade en fer forgé. Une Bernadette, pieusement agenouillée aux pieds de la grotte, prie. De cet endroit le spectacle est incomparable ; la vue embrasse non seulement le village de Ville-Marie qui se tasse aux pieds du