Page:Potvin - Le Français, 1925.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.
286
LE FRANÇAIS

— Hein, Castonguay ? lança le père Phydime, « vous vous amusez pas comme ça au « grand Marial », j’gage ? »

Charles Castonguay et Jacques Duval se regardèrent.

« N’empêche », fit remarquer le « foreman », « n’empêche que Jacques Duval aurait aimé mieux aller passer les fêtes à Ville-Marie si ce sapré temps-là l’avait pas empêché d’partir… Hein, Duval ?…

— On dit pas non, bredouilla Jacques.

— Laisse faire, Jacques, reprit l’excellent Pitre Grosleau, « laisse faire, y a encore les Jours Gras qui tombent, c’t’année, au commencement d’février ; c’te permission qu’j’t’ai donnée pour les Fêtes, t’en profiteras pour les Jours Gras… Ça t’va-ti ?…

— J’pense bien qu’ça m’va ! s’écria Jacques, rouge de plaisir ; merci bien « boss »…

Pendant encore une demi-heure, il y eut nouvelles histoires et nouvelles chansons.

Jacques Duval, mis en verve par la nouvelle permission du « boss », attendri par l’atmosphère de patriotisme et de religion qui flottait sous la voûte de sapin du campe, de sa plus belle voix des jours de fêtes à Ville-Marie, entonna « La Huronne » :

Brune et gentille est la Huronne
Quand au village on peut la voir,
Perles au cou, mante mignonne
Et le cœur dans son grand œil noir ;
Ses veines ont du sang de ses pères,
Les maîtres des bois autrefois.
Vive les Huronnes si fières
De leurs guerriers, de leurs grands bois !