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LE FRANÇAIS

agronomes du gouvernement nous rendent des grands services, surtout celui de Ville-Marie. J’ai pensé comme toi pendant longtemps, mais j’ai changé d’avis. Ces garçons-là ont étudié dans des écoles d’agriculture, tu sais, comment on cultive la terre… Diable de diable ! Jean-Baptiste, ça s’apprend pas tout seul, not’métier ! Aussi moi, j’trouve qu’ils nous apprennent des choses nouvelles qui réussissent et qui font du bien à nos terres et à nos animaux. Quant à moi, j’écoute toujours les conseils de l’agronome d’ici et je ne m’en repens pas.

— Tu prétends toujours pas qu’on sait pas mieux cultiver qu’eux autres et qu’ils connaissent nos terres comme nous autres ?

— Oui, j’prétends ça, Jean-Baptiste ; j’sais qu’ils ont étudié des choses qu’on peut pas savoir, nous autres, et qu’il faut finir par savoir. Ils savent, comme j’te l’ai dit, des choses nouvelles tandis que nous autres nous savons un tant seulement c’qu’on a appris d’nos pères. Mais nos terres ont besoin de quelque chose de plus au jour d’aujourd’hui. Il y a d’autres moyens que les nôtres de cultiver les champs et de soigner les animaux. Moi, depuis quatre ans, j’ai fait c’qu’on appelle d’là rotation et je m’aperçois que ça rapporte bien plus… On savait pas ça, nous autres, et on appauvrissait nos terres ; je l’ai appris par l’agronome. On a semé du blé pendant dix ans de suite dans ma pièce d’là route qu’tu connais ; au commencement, ça venait à pleine clôture, puis ça a diminué, et, à la fin, le grain était pauvre sans bon sens ; la paille venait pas plus