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LE FRANÇAIS

« Hé !… Jacques », ne put s’empêcher de crier un des hommes de l’équipe, « le feu attend après toi pour changer d’idée ; il trouve que t’as retardé un peu… »

Tout le monde se mit à rire.

Jacques Duval expliqua tant bien que mal qu’il avait dû courir après des animaux sautés dans le grain. Personne ne lui garda rancune de son retard. Il attacha son cheval à un poteau près d’une maison et rejoignit les hommes. Il s’arrêta au groupe des femmes qui, en une minute, lui racontèrent toutes les péripéties de l’incendie. Jacques écoutait principalement Marguerite qui lui narrait la tentative de la tranchée. L’on savait Jacques Duval débrouillard et l’on attendait de lui l’expression d’une idée de sauvetage.

« Mais l’on n’a pas essayé les sacs !… » demanda-t-il.

« Les poches !… les sacs !… crièrent ensemble toutes les femmes.

Les travailleurs s’arrêtèrent un instant et l’un d’eux cria :

« C’est bien vrai, les sacs !… Les femmes, sortez les sacs !… »

Les femmes coururent de nouveau aux maisons et revinrent bientôt rapportant des brassées de sacs de toile, de vieilles couvertures et d’immenses haillons qui étaient des pièces de vêtements trop usagés destinées aux « catalognes ». Elles plongèrent des tissus dans des seaux d’eau et les tendirent, par dessus la clôture, aux hommes qui couraient battre de ces nippes humides les herbes et le sol, entre les souches. On battait à