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LE FRANÇAIS

cits terrifiants, elle préféra les autres, ceux du village plus tranquille que le champ de bataille ou que la tranchée par les jours d’attente dans le combat ou encore les granges et les étables bruyantes de l’arrière. Et Léon dut revenir au village.

Il raconta qu’un jour il était allé mener boire des chèvres à la fontaine qui jaillissait d’un puy non loin de la terre paternelle. Cet endroit était, rappelait-il, le rendez-vous de tous les oiseaux des Cévennes. Il en venait, croyait-il, jusques du pays bas. Parmi les touffes de cresson et les flèches d’eau qui entouraient la fontinette, les oiseaux, qui venaient boire et se baigner, faisaient rage. C’était un tapage assourdissant de coups d’ailes et de coups de becs. On voyait là, pêle-mêle, se battant ou se faisant des mamours, des chardonnerets à plumules jaunes, des bouvreuils à l’œil rond et inquiet, des fauvettes babillardes, des bergeronnettes légères comme des papillons, des mésanges méchantes et bêtes. Du haut des châtaigniers qui entouraient la source descendaient, parfois par terre, des oisillons, frais émoulus du nid, et que les autres bousculaient sans pitié… Il ramassait de pleines poignées de millet qu’il lançait aux oiseaux, surtout aux plus petits… Tout à coup pendant qu’il s’amusait à cette dînette d’oiseaux, il vit un épervier planer au-dessus de la fontaine, descendre comme une flèche, fondre sur une fauvette et l’enlever. Cette fauvette était justement la mère de trois oisillons qui touchaient terre pour la première fois. Toute la bande des oiseaux, chardonnerets, bouvreuils, linottes, mésanges,