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LA RIVIÈRE-À-MARS

Alexis Picoté, sa femme et Pierre, firent la traite des vaches en attendant le cadet, puis soupèrent vite afin d’aller à la prière qui se disait maintenant tous les soirs à l’église. Quand ils partirent, Arthur n’était pas encore arrivé. C’était la première fois qu’il retardait aussi longtemps. Ils laissèrent Jeanne, qui avait alors treize ans, pour garder la maison. Élisabeth était inquiète. C’est Arthur qui avait coutume d’assister l’officiant au Salut du Saint-Sacrement, chanté à la suite de la prière. Et Alexis dit à sa femme :

— On le verra dans le chœur tantôt. Il s’en viendra tout droit à l’église.

Le chapelet dit et la prière faite, le salut commença. Mais ce fut le jeune Eustache Gauthier, un ami d’Arthur, qu’on vit arriver à l’autel comme servant. L’inquiétude saisit Alexis Picoté, pendant qu’à côté de lui sa femme se mit à prier avec plus de ferveur. Le salut terminé, Alexis et sa femme s’empressèrent de se rendre à la maison. On pensait y trouver Arthur couché et malade. Il y avait un rassemblement sur la place de l’église. On parlait bas. On fit silence quand on vit, passer les Maltais. L’inquiétude de