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LA RIVIÈRE-À-MARS

La Rivière-à-Mars abondait alors de petites truites rouges. Et, à l’automne, les pentes de ses coulées étaient garnies de coudriers jaunes de noisettes. Deux sources abondantes de plaisirs pour les jeunes. Les coudriers étaient si grenus qu’en moins de vingt minutes on emplissait un grand sac de noisettes. Quand on en avait cueillies plusieurs pochetées, on allait les enfouir dans de grands trous creusés derrière les maisons et on les couvrait de mousse humide et de paille mêlée de terre. On laissait ainsi pourrir l’écorce couverte de barbillons. On les roulait ensuite entre deux planches afin de séparer, comme en un crible, la baie du grain, la pulpe pourrie de l’enveloppe des noisettes devenues jaunes et lisses comme des marbres. Les petits garçons comptaient ensuite les noisettes qu’ils plaçaient par mille dans de petits sacs de toile que leurs mères avaient cousus. Et ils les vendaient cinq sous du mille aux gens des goélettes.

Les parties de noisettes dans les coulées de la Rivière-à-Mars se terminaient généralement par quelques heures de pêche à la petite truite rouge. À peine les sacs étaient-ils remplis, que les gar-