Page:Potvin - La Rivière-à-Mars, 1934.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
LA RIVIÈRE-À-MARS

lisière du bois, l’écho répéter jusqu’à quatre fois les derniers mots du refrain. C’était beau. Ça, c’était un bon moment de la journée, et qui nous faisait oublier les fatigues et les misères. Au bord de la baie, on sentait moins les mouches, chassées par la brise du large, et on refait là, autour de la Croix, jusqu’à l’heure du coucher, quand il faisait si noir qu’on avait peine à distinguer l’eau d’avec la terre.

« Comme vous voyez, Anthime, continuait Élisabeth, on avait de bons moments. Mais, le plus souvent, les femmes, les enfants, les hommes, on travaillait trop dur. Le soir, arriver, harassés, souvent après le coucher du soleil. Le matin, partir avant l’aube. Ces pauvres hommes, ils manquaient le plus souvent des outils les plus nécessaires. À la maison, on était privé souvent de ce qui est indispensable à la vie d’une famille. Les saisons passaient quand même. Qui sait ? on verra peut-être des jours pires. On sait jamais. C’est si dur, le métier d’habitant ! En tous cas, à la grâce de Dieu, c’est lui qu’est le Maître. Il a toujours le dernier mot. »