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LA RIVIÈRE-À-MARS

les membres de chaque famille ensemble, tout alentour de la cabane. Au milieu, on avait allumé un feu sourd de fougères humides pour chasser les mouches qui nous assaillaient encore à cette époque de l’année.

« Voilà qu’au beau milieu de la nuit, on est réveillé par un grognement qu’on entend tout près de la porte. Vous pensez si les femmes et les enfants ont peur. Et c’est pas François Maltais qui les rassure ! Il écarte un coin de la toile qui sert de porte, puis il dit en se tournant vers moi :

« — Alexis, t’as ton fusil, je suppose ? C’est un gros ours qui est à la porte et qui mange nos bleuets dans la boîte.

« De fait, j’avais apporté mon fusil. Il était dans un coin de la cabane. Il était bien bourré de gros plombs. L’animal était en plein à quatre pattes dans la boîte et se régalait de nos bleuets en grognant de plaisir. Je pointe le canon de mon fusil par un coin de la porte et je tire. Dans le calme de la nuit, on n’a jamais entendu un coup de fusil pareil. L’ours, touché en plein dans la tête, tombe à la renverse dans la boîte. Alors, tout le monde