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LA RIVIÈRE-À-MARS

l’autre côté de la baie. On avait la goélette d’Alexis Simard pour faire la traversée. On devait coucher au Cap-à-l’Est deux nuits, dans une cabane de branches de sapin. Vous pensez si les enfants et leurs mères étaient contents. De fait, on partait le lendemain matin à la fine pointe du jour, avec toutes les provisions qu’il fallait. On était vingt dans la goélette. On mouilla, une heure après, de l’autre côté de la baie. La belle journée ! Il faisait un temps tiède et un beau soleil. Aux flancs du cap, on ramassait les bleuets par jointées. Il y en avait que tout était bleu. À l’ombre, sous les coudriers et les petits bouleaux, ils étaient gros comme les noisettes de la Rivière-à-Mars, charnus comme des prunes et juteux comme des framboises. Le samedi, nous en avons ramassé pas moins d’une vingtaine de chaudières. Le soir, Ignace Couturier, Louis Villeneuve, Joseph Lapointe et moi, on avait construit une grande cabane en branches de sapin recouverte d’écorce de bouleau. Tout le monde s’installe dedans et on ferme l’entrée avec deux sacs de toile. On laisse nos bleuets dehors, près de la cabane, dans une grande boîte de bois. Et on se couche,