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LA RIVIÈRE-À-MARS

la tête dans les deux mains. On aurait dit que les maringouins et les brûlots la harcelaient plus que nous autres. Par deux fois, elle était entrée dans le campe en disant qu’elle allait dormir, mais elle en était sortie aussitôt, chassée par l’engeance qui lui brûlait le corps.

— Hein, Élisabeth tu t’en souviens ?…

La femme fit un signe affirmatif, puis, souriant :

— Parle donc d’autres choses, Alexis. C’est pas bien intéressant, ce que tu dis là.

— Tout d’un coup, continua Alexis, comme Benjamin Harvey contait la misère qu’il avait eue, dans l’après-midi, à arracher une souche, disant à tout bout de champ : « Ces démons d’arbres-là, c’est dur sans bon sens… Ça doit être du commencement du monde », tout d’un coup, on entendit des pleurs. C’était Élisabeth qui se lamentait. Je ne l’avais jamais entendue ni vue pleurer. D’habitude, sa langue suffisait ! Arthur s’arrêta de jouer avec un petit chat à qui il faisait faire des bonds par-dessus des touffes d’herbes Saint-Jean qui poussaient devant le campe. Il courut embrasser sa mère qui se mit à se plaindre :