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LA RIVIÈRE-À-MARS

plaint, aujourd’hui, dans les bois où il y a de l’eau aux alentours. Mais qu’est-ce que c’est ? Quand on est arrivé ici, des mouches, on en mangeait avec notre pain, on en respirait en dormant. Elles nous mettaient tout le jour et toute la nuit le corps en feu. Elles nous faisaient saigner. C’était terrible, je vous le dis, surtout au commencement de l’été, au mois de juin, par exemple. Cela fit pleurer notre pauvre Élisabeth, un soir très chaud de ce mois-là, un soir lourd, chargé de vent du sud.

« On était à la porte du campe et on avait allumé dans une vieille chaudière de zinc un feu de fougères vertes qui faisait une fumée si épaisse qu’elle nous enveloppait au point qu’on ne pouvait se voir les uns les autres. Et on était pourtant tout proche de la boucane. Jean-Baptiste Bouchard et Benjamin Harvey étaient venus veiller avec nous. Le temps était humide, et les mouches, je vous le dis, paraissaient enragées. La boucane ne leur faisait rien et on passait le temps à chercher des moyens pour s’en débarrasser la figure, les mains, les jambes. Élisabeth, qui avait fait une rude journée à m’aider dans un coin de terre neuve, paraissait fatiguée. Elle était assise sur le perron