Page:Potvin - La Rivière-à-Mars, 1934.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
LA RIVIÈRE-À-MARS

et avec un gros crucifix jaune dans sa ceinture. Il sortit de bonne heure.

« Le Père se promenait en lisant son bréviaire sur de grandes pièces de bois de pin que la marée montante avait alignées sur la grève. Il avait fait chaud toute la nuit et le matin était pesant. Les maringouins étaient féroces. Ils venaient du bois par nuées noires. Notre petit Arthur s’approcha du Père, qui ne fit pas de cas de lui. Il se mit à le suivre pas à pas. Après quelques minutes, le Père s’arrêta et demanda :

« — Mais pourquoi, petit, me suis-tu comme ça ?

« Arthur, bien entendu, était gêné et ne savait pas quoi répondre. Enfin, il dit :

« — Quand je marche derrière vous, je ne sens plus les maringouins.

« Et vous nous croirez ou vous nous croirez pas, continua Alexis, mais toute la journée et plusieurs jours après encore, on ne se plaignit pas des mouches, personne. Ce soir-là, on ne fit même pas à la porte de la cabane la boucane ordinaire pour chasser cette engeance. C’était terrible, en ce temps-là, vous savez, les mouches. On s’en