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LA RIVIÈRE-À-MARS

quatre vaches amenées de Charlevoix en deux voyages de la goélette.

« Au cri d’Élisabeth, je sors et je regarde du côté de la grève.

« Faites pas de bruit, que je dis à voix basse, c’est un orignal.

« Je rentre dans la cabane pour prendre mon fusil. Je fais quelques pas en me cachant derrière de grosses souches d’épinette, je vise la grosse tête qui ressemble à celle d’un cheval portant de la barbe, et : Pan ! L’un des cinq animaux tombe, pendant que les autres se sauvent par bonds du côté de la grève.

« C’était, de fait, un grand orignal qui se pensait toujours en pleine forêt, ici. Durant la nuit il était venu rejoindre nos vaches, tout bonnement, comme si nous devions garder, nous autres, toute la forêt avec ses maringouins et ses orignaux.

« Mon coup de fusil avait réveillé les gens du campement. Tout le monde se mit en frais de débiter l’animal. Nous eûmes de la bonne viande pendant une semaine. Pour la garder fraîche, on en plaçait des quartiers dans une fosse que j’avais creusée au milieu d’un petit ruisseau qui traver-