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LA RIVIÈRE-À-MARS

La dernière note de la Préface lamentablement filée, la petite clochette au son grêle de l’enfant de chœur fait prosterner l’assistance à genoux. Puis c’est le « Sanctus » qui éclate, soutenu par un harmonium poussif sur lequel se penche avec un grand effort la maîtresse d’école. À « l’orgue », un petit vieux, court, replet, des lunettes jaunes juchées sur le nez, mène le chœur à vigoureux coups de fausset, soufflant entre chaque syllabe, et marquant la mesure avec son paroissien noté. Puis au dehors débordent les sons graves, émus, qui, de la cloche d’airain, passent par-dessus les maisons.

Alors, abandonnant les chaudrons où mijote le dîner de la famille, les gardiennes appellent d’un commandement bref les enfants qui jouent silencieusement dans les cours et sur la grève, et se prosternent avec eux au pieds de la grande croix noire qui pend à un mur, à côté de l’horloge carrée. D’une voix monotone, elles récitent le chapelet en union avec ceux qui, plus heureux qu’elles, et dont c’était d’ailleurs le tour, ce dimanche-là, assistent à la messe. À la fin du chapelet, elles disent trois « Pater » et trois « Ave » pour les