Page:Potvin - La Rivière-à-Mars, 1934.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
LA RIVIÈRE-À-MARS

la paroisse sous les humbles et pauvres églises des campagnes. Toute la population est là, ne formant, en réalité, qu’une seule et même famille dont le curé, celui qui, pieusement, posément, scande en ce moment les mots sacrés de la Préface, est le père vénéré. Ils sont là, tous frères, au pied de l’autel ; avec la voix de leur parleur, leur silence prie et chante. Une même espérance, une même charité, une même foi, les mêmes sentiments et les mêmes aspirations se mêlent au recueillement éternel et au rayonnement définitif des disparus dont les tombes marquées de croix de bois noir environnent le temple et semblent assister au sacrifice auguste qui a sauvé le monde. Le silence de tout s’élève, plane autour de la voix du prêtre, monte avec elle vers le ciel, en prières, en remerciements, en adorations, va appuyer paisiblement sur la force même de Dieu les vigoureux espoirs dans le maniement de la hache, les luttes courageuses contre la forêt géante et les durs labeurs à passer le soc d’acier dans le sol vierge afin que se féconde la terre neuve et que croissent les moissons, et que se propage la vie des êtres créés selon la divine effigie de l’Esprit.