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LA RIVIÈRE-À-MARS

ment subit se produit dans tout le village. Les maisons se vident et on entre comme en procession dans le petit temple. En quelques minutes le village devient désert. Le silence plane partout. On n’entend plus, ici, qu’un cheval qui s’ébroue, attaché à la clôture, là, qu’un chien donnant de la voix à l’arrivée à l’église d’un retardataire.

Les fenêtres de la petite église de bois blanc, comme celles des maisons qui donnent à l’ombre, sont toutes larges ouvertes. La belle lumière ambrée y pénètre par nappes, en tombées d’écluse.

Et de plus en plus plane le silence. Mais voilà que dans le calme moiré de l’air, on entend une voix monotone propageant une lancinante mélopée. C’est le curé qui module la Préface. Le village entier, choses, bêtes et gens, semble écouter, en extase, les échos du chant sacré. Et c’est un beau et touchant spectacle que ce moment solennel du drame liturgique dans les campagnes québécoises. Rien de semblable nulle part ; pas même les imposantes cérémonies religieuses dans les grandes basiliques des villes. Rien n’émeut aussi vivement, rien ne remue aussi profondément l’âme que ce ravissement unanime de