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LA RIVIÈRE-À-MARS

de climat même. L’accueil de la baie est si joyeux, si souriant ! Comme Goethe, saluant dès le Brenner la terre latine et s’extasiant jusque sur la poussière des routes, il goûte l’impression délicieuse de pénétrer dans un nouveau midi. Partout, c’est frais, reposant. Après avoir vogué, des heures, dans un couloir sans fin de falaises rocheuses, fatigué des verdures toujours trop semblables qui les couronnent, l’œil du voyageur se repose maintenant sur les colorations chaudes et variées qui s’étendent du côté nord de la baie, de Saint-Alexis à Saint-Alphonse. Et, en pénétrant dans cette petite mer, on est content d’être libéré de la désagréable impression d’étouffement, particulière à certains pays montagneux. La baie agrandit démesurément l’horizon. Le vent, chargé d’émanations salines, nous rafraîchit, nous gonfle les poumons de volupté. Dans l’atmosphère translucide, au-dessus de la baie, de gros goélands volent pesamment, montent, descendent, courent d’un nuage à l’autre, comme pour les faufiler.

À gauche, le petit clocher de Saint-Alexis luit comme une étoile. Là-bas, au fond de la baie, se dresse la flèche, luisante aussi, de l’église de